Ces dernières semaines, le sujet de l’amour est revenu plusieurs fois en consultation. Et plus précisément, la communication dans le couple et la façon dont on montre et on reçoit les preuves d’amour dans une relation. Il n’est pas forcément question ici de déclaration enflammées et très démonstratives… Au contraire ! Celles là sont plutôt faciles à voir, et c’est plutôt toutes les autres qui peuvent poser des difficultés. Peut-être avez-vous parfois l’impression de tout faire pour que votre affection transparaisse dans vos actes, face à une personne qui vous dit manquer de signes que vous l’aimez. Ou peut-être êtes-vous la personne blessée de ne pas voir un petit signe d’attachement chez la personne qi partage votre vie.
Et si vous ne parliez simplement pas le même langage ?
Améliorer la communication dans le couple : les 5 langages de l’amour.
Le concept des langages d’amour.
Le concept a été développé par Gary Chapman, conseiller conjugal, pasteur, et auteur américain spécialisé dans les relations de couple et la dynamique interpersonnelle. Dans ces années d’expérience en thérapie de couple, il a observé que beaucoup de conflits dans les relations proviennent d’un manque de compréhension des besoins émotionnels de l’autre, et d’une difficulté à savoir comment y répondre. Il a exploré ce sujet dans un livre publié en 1992, intitulé Les 5 langages de l’amour (The Five Love Languages).
Selon Gary Chapman, l’amour véritable implique un acte volontaire, un souhait d’améliorer sa connexion à l’autre et d’agir sincèrement dans l’intérêt de la personne qu’on aime.
Il propose aussi l’idée selon laquelle il existe différents langages d’amour, et que chaque personne a son propre langage préférentiel, sans même le savoir. Deux partenaires peuvent donc parler des langages totalement différents, et ne pas comprendre le langage de l’autre. La communication peut donc être aussi inefficace que si l’un·e parle anglais, et l’autre parle chinois ! Dès lors, les sentiments seuls ne suffisent pas : il est aussi important de faire l’effort d’apprendre le langage de l’autre.
La communication quand on parle deux langages différents.
Chaque personne a donc un langage d’amour auquel elle est plus sensible. Ce qui veut dire que si on lui parle dans ce langage, elle aura plus de facilité à se sentir aimée, à voir les marques d’affection qui lui sont adressées. Mais aussi, qu’un langage différent peut ne pas l’atteindre, non par manque de volonté, mais parce qu’elle ne le comprend pas ! Sa·on partenaire peut alors mettre toute son énergie dans les preuves d’attachement qu’iel veut donner, elles ne seront probablement pas reçues.
On a donc une personne qui s’épuise à parler anglais et qui a l’impression de se fatiguer pour rien, et l’autre qui attend vainement que les mots lui soient adressés en chinois … tout en s’épuisant à parler chinois et en ayant l’impression de se fatiguer pour rien.
Les 5 langages d’amour.
Les paroles valorisantes.
Les personnes qui parlent ce langage se sentent aimées quand elles entendent des mots qui renforcent leur estime d’elles-mêmes et leur valeur dans la relation. Ce langage consiste à exprimer l’amour à travers
- l’expression claire des sentiments dans un vocabulaire positif
- des mots d’encouragement et de soutien
- des compliments sur la personne, ses actes, ses choix
- des paroles bienveillantes, de remerciement
- la formulation d’excuses et la reconnaissance des torts, le pardon accordé
- …
Les moments de qualité.
Les personnes qui valorisent ce langage de l’amour se sentent aimées quand on leur consacre du temps de qualité, c’est-à-dire où on est pleinement présents et attentifs. Il ne s’agit pas seulement d’être ensemble, mais d’accorder une attention totale, sans distractions, et de mettre de la conscience dans l’instant et les émotions partagés. Cela peut s’expérimenter
- en étant juste ensemble
- en ayant une conversation profonde, où on partage les expériences, les pensées, les désirs, liés à la relation ou non, dans un réel intérêt pour ce que vit l’autre personne et une volonté de lui faire part de ce qu’on vit de façon sincère et vulnérable
- en partageant des activités, originales ou du quotidien, en étant pleinement présent·e dans l’instant et en évitant les distractions extérieures
- …
Les cadeaux.
Il s’agit ici d’offrir et recevoir des cadeaux matériels, non pas selon leur valeur financière, mais selon leur valeur sentimentale. Les personnes concernées sont touchées de voir que l’autre personne a pensé à elles et a cherché à leur offrir quelque chose qui témoigne de l’affection, de l’attention, un lien particulier entre elles. C’est la pensée exprimée par le geste qui est important, et cela peut s’exprimer dans
- un objet acheté, trouvé ou réalisé soi-même
- une lettre manuscrite
- une petite attention basée sur ce que la personne nous a dit, ce qu’on sait d’elle (préparer un petit déjeuner spécial, aller acheter le livre qui manque à une collection, ramasser sa fleur préférée…)
- …
Les services rendus.
Ici, les personnes sont sensibles aux actes qui impliquent des actions concrètes pour rendre la vie plus facile ou agréable, et qui nécessite de la réflexion, de l’organisation et de l’énergie. Il n’est bien sûr pas question de services accomplis par peur, manipulation ou contrainte. Il n’est pas non plus question de dépasser les limites de la personne ni de l’infantiliser : les actes doivent être réalisés dans ce que l’autre est d’accord pour recevoir (par exemple, on n’ira pas réorganiser le logement de l’autre qui n’a pas le même besoin de rangement, parce que ça nous stresse nous-même). Un service rendu devient un geste d’amour s’il est fait avec liberté, enthousiasme et respect, et peut s’exprimer par
- une aide apportée dans les responsabilités quotidiennes
- l’accompagnement à des rendez-vous stressants
- le soin des animaux et du domicile en l’absence de la personne
- …
Le contact physique.
Ce langage inclut toutes les formes d’affection physique, donnant un sentiment de proximité. Le type de contact, l’endroit, le moment… dépendent de chaque personne : l’une peut avoir besoin de contacts réguliers et démonstratifs en présence d’autres personne, l’autre peut préférer les gestes faits dans l’intimité, chez une autre le besoin peut fluctuer selon les jours… Il est important de connaître et de respecter les besoins et limites de chacun·e, à ce sujet comme pour tant d’autres. De façon générale, ce langage peut se retrouver dans
- les câlins, les baisers, une main tenue, un contact des épaules pendant un film
- les massages, les relations sexuelles
- les gestes de soutien, comme une main dans le dos pour assurer de sa présence en cas d’anxiété
- …
Utiliser les langages d’amour pour améliorer la communication dans ses relations.
Connaître les langages d’amour préférentiels.
Une fois la théorie posée, comment on fait concrètement pour parler le même langage ? Tout comme dans la communication verbale, il n’est pas possible de changer sa langue maternelle : si je parle anglais depuis toujours, je ne peux pas soudainement discuter en chinois et faire de cette langue ma façon de m’exprimer par défaut. Par contre, je peux m’intéresser au chinois, faire de mon mieux pour l’apprendre, avec l’idée que c’est ce qui me permettra de communiquer avec ma·on ami·e chinois·e qui de son côté pourra faire de même avec l’anglais.
De la même façon, je peux m’intéresser à mon langage d’amour pour l’apprendre à ma·on partenaire, et m’intéresser au sien pour mieux communiquer dans la relation.
Selon Chapman, trois questions peuvent aider à identifier son langage préférentiel :
- Qu’est ce qui me blesse le plus dans ce que l’autre fait ou omet de faire ?
- Qu’est ce qui me manque le plus dans notre relation, parmi les 5 catégories précédemment expliquées ?
- Si je devais montrer mon amour de la façon la plus spontanée possible, qu’est ce que je ferais ? A quel langage ça correspond ?
Il est ensuite possible de discuter ensemble des réflexions menées pour trouver l’équilibre et la satisfaction dans les échanges, même si bien sûr, c’est un apprentissage : la bienveillance et la tolérance à l’erreur sont bienvenues. Vous pouvez par exemple essayer de classer ce que vous identifiez des langages de l’amour de votre partenaire par ordre d’importance, et discuter des résultats ensemble. Vous pouvez également demander des exemples de ce que vous faites et qui touche particulièrement l’autre : souvenez vous que pour un même langage, chaque personne peut avoir ses préférences et ses limites.
Seulement pour les relations de couple ?
Hé bien non ! Qu’on distingue ou non le type d’amour selon le type de relation, il est tout à fait possible de réfléchir aux façon de montrer son affection dans toutes les relations où elle existe. Et les difficultés de communication ne sont pas réservées au couple.
Frères et sœurs, ami·es, collègues … L’affection n’a pas à se limiter à une personne si on sent qu’elle a sa place ailleurs, et il peut être très intéressant de savoir comment nos ami·es, par exemple, aiment recevoir et donner de l’attention ! Cela peut donner plus de profondeur aux relations, si on voit certains actes par le prisme de l’importance que l’autre nous accorde.
On en parle ensemble ?