Le burn out, ou « épuisement professionnel », est un phénomène de plus en plus reconnu dans notre société moderne, caractérisé par un épuisement physique, émotionnel et mental intense, souvent dû à des pressions professionnelles excessives. Il touche environ 1 salarié·e sur 10 dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé qui l’a reconnu en tant que phénomène lié à un stress chronique au travail.

Cependant, cette définition de base ne rend pas compte de la complexité du burn out, et notamment de sa phase aiguë. Cette phase est une période critique où les signes d’épuisement sont les plus violents et où la personne qui le subit se trouve dans une impasse émotionnelle et physique à ne pas négliger.

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Le burn out dans sa phase aiguë.

La phase aiguë du burn out représente un ensemble de symptômes particulièrement intenses, où la personne n’est plus simplement fatiguée, mais se trouve dans un état d’épuisement profond, tant physique qu’émotionnel. À ce stade, le corps et l’esprit sont usés au-delà de leurs capacités de récupération.

Les symptômes physiques et émotionnels du burn out.

  • Fatigue profonde et persistante. Contrairement à une simple sensation de fatigue, cette forme d’épuisement est persistante et ne disparaît pas avec le sommeil. On se sent vidé·e, avec une sensation d’avoir « tout donné », sans pouvoir récupérer.
  • Troubles du sommeil. Environ 50 à 70 % des personnes en burn out souffrent de troubles du sommeil, selon une étude de l’Université de Californie. Insomnie, réveils fréquents ou sommeil excessif sont fréquents.
  • Anxiété et dépression. La phase aiguë du burn out est souvent accompagnée de symptômes dépressifs (perte d’intérêt, désespoir, perte de sens de la vie et des choses…) et anxieux (inquiétude constante, agitation mentale, impression de pensées comme un hamster dans sa roue…).
  • Détachement émotionnel et cynisme. Un sentiment de déconnexion de soi-même et des autres. L’impression de perte de sens peut engendrer l’impression que rien n’est utile ni important (« à quoi bon ?… »), et une perte d’espoir et d’intêret par rapport à son travail ou à ses relations.
  • Troubles cognitifs. Problèmes de concentration, de mémoire et de prise de décision. Une personne en burn out éprouve des difficultés à porter son attention sur ce qu’elle fait, à organiser ses pensées, et se sent comme « dans le brouillard ».

Les causes de ces symptômes.

Les symptômes de la phase aiguë sont le résultat d’une activation prolongée du système de réponse au stress (notamment via la production de cortisol). À force de gérer des stress chroniques sans période de récupération suffisante, le corps et l’esprit s’épuisent. L’hyperactivation de ce système provoque un épuisement des ressources, laissant l’individu dans un état d’épuisement extrême.

Mécanisme burn out

Une étude de l’Université de Stockholm a démontré que les individus en burn-out présentent des niveaux de cortisol particulièrement élevés le matin. Le cortisol est une hormone importante pour aider l’organisme à gérer le stress. Mais en trop grande quantité, ce qui perturbe leur rythme biologique globale, avec des conséquences sur le métabolisme et sur la capacité à faire face au stress.

Le burn out : un épuisement au-delà du travail.

Le burn out est souvent lié au travail, mais ses racines sont plus profondes et plus complexes. Les facteurs sociaux, familiaux, culturels et même psychologiques jouent un rôle central dans son apparition.

  • Pressions professionnelles excessives. L’un des principaux moteurs du burn out est la surcharge de travail. Une étude menée par l’Université de Masaryk en 2019 montre que 61 % des travailleur·euses dans les secteurs de la santé et des services publics sont particulièrement vulnérables en raison de la charge de travail émotionnel et physique.
  • Manque de contrôle et de reconnaissance. Lorsqu’on n’a pas de contrôle sur notreenvironnement de travail ou qu’on se sent ignoré·es dans nos efforts, cela peut créer un sentiment de frustration intense. L’OMS a mis en évidence le fait que la perte de contrôle dans le travail est l’un des facteurs les plus déterminants dans le développement du burn out.
  • Les attentes personnelles. Le burn out ne touche pas seulement les personnes qui subissent des pressions externes ; il est aussi le résultat d’une lutte interne, où l’individu s’impose des attentes irréalistes. Ce phénomène est renforcé dans la société actuelle par une culture de la performance fortement mise en avant, une culture de la réussite à tout prix et de l’omniprésence des réseaux sociaux. Beaucoup s’épuisent à essayer de répondre à des standards qui ne sont ni réalistes ni sains.

L’importance d’écouter les signes du burn out.

La phase aiguë du burn-out est souvent vécue comme un épisode de rupture, un état de crise. Cependant, c’est également un moment où la personne peut se reconnecter avec ses besoins fondamentaux et réévaluer ses priorités.

Le piège de l’isolement et de la honte.

L’un des aspects les plus destructeurs du burn out est la honte et/ou la culpabilité qui l’accompagnent.

On peut se sentir coupable d’être épuisé, de ne pas être à la hauteur. En cas de travail en équipe, il arrive souvent qu’on ressente de la culpabilité à l’idée d’abandonner ses collègues, de leur laisser toute la charge de travail. Cela peut aggraver le cycle, car ces émotions de honte et de culpabilité alimentent le sentiment de faiblesse et d’échec, qui rendent encore plus difficile la reconnaissance des signes.

Pourtant, le burn out n’a rien d’une faiblesse : c’est une réaction de protection face à une situation trop violente et maltraitante. La vicime d’un burn out n’est pas le problème.

Les conséquences à long terme du burn out.

Ignorer les symptômes de la phase aiguë peut entraîner des conséquences graves, tant sur le plan mental que physique. Les personnes qui ne sont pas prises en charge risquent de souffrir de dépression majeure, de troubles anxieux chroniques, ou même de problèmes cardiovasculaires liés au stress prolongé.

Cette période est un moment crucial en terme de besoin de prendre soin de soi. C’est un signal d’alarme ultime quand les précédents n’ont pas pu être écoutés. Il est primordial de tenir compte de ce qui se passe et qui n’est pas anodin.

La guérison après un burn out.

La phase de récupération progressive.

Le chemin pour se remettre du burn out aigu est complexe et nécessite souvent un soutien professionnel. Cependant, voici des stratégies qui peuvent être utiles pour entamer un processus de guérison.

  • Reconnaître et accepter la situation. Le premier pas vers la guérison est l’acceptation. Il est essentiel de comprendre que le burn out est une réaction normale à des conditions de travail extrêmes et à des attentes irréalistes.
  • Chercher un accompagnement thérapeutique. Des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), des thérapies basées sur la pleine conscience (mindfulness), ou des consultations en gestion du stress sont des approches prouvées pour aider à sortir de cette phase aiguë.
  • Prendre des pauses et se reposer vraiment. Le repos, dans cette phase, n’est pas un luxe mais une nécessité. Il est fondamental de couper les liens avec le travail et de se permettre des moments de calme et de repos. Des pratiques comme la méditation, la relaxation, et des activités physiques douces (yoga, marche) peuvent être particulièrement bénéfiques. L’important restant ici d’écouter et de respecter les limites du corps et de l’esprit, aussi frustrant et inquiétant que ça puisse être.

Reconstruire un équilibre personnel et professionel.

Une fois que la phase aiguë du burn out est identifiée et que les premières étapes de repos et de soins ont été prises, commence un processus de guérison qui peut être long, mais essentiel. Cette période post-aiguë est caractérisée par une lente reconstruction, où on commence à retrouver ses forces physiques et émotionnelles. La récupération n’est pas immédiate. Après l’épuisement extrême, le corps et l’esprit nécessitent du temps pour se remettre. La fatigue peut persister pendant plusieurs mois, et il est crucial d’adopter une approche progressive .

  • Rétablissement physique. Il est important de continuer à privilégier le sommeil et le repos. La fatigue physique persiste souvent, et il est important de respecter ses rythmes corporels sans se précipiter dans des tâches intenses ou stressantes.
  • Guérison émotionnelle. La phase post-aiguë est également celle de la rééducation émotionnelle. La personne peut ressentir des vagues d’anxiété, de doute ou de tristesse. C’est le moment de renforcer les ressources émotionnelles et de reconstruire la confiance en soi, souvent altérée par l’expérience du burn out.
  • Réévaluer les priorités de vie et envisager des changements professionnnels. C’est souvent à ce stade que de nombreuses personnes réévaluent leurs priorités. Le burn out est une invitation à se reconnecter avec des valeurs plus profondes, à rechercher un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et à redéfinir ce qui est réellement important. Des accompagnements via des outils de TCC ou un bilan de compétences peuvent être intéressants à ce stade.

Prévenir les rechutes.

Tout comme pour la dépression, avoir subi un burn out nous rend plus vulnérables et donc plus suspceptibles d’en faire un autre plus tard. Ceci dit, il est possible de prévenir les rechutes, en mettant en place des stratégies adaptées.

Ces stratégies incluent des pratiques régulières de gestion du stress, des moments de déconnexion et de loisirs, une communication claire des besoins et des limites au sein de l’environnement professionnel… Et une réelle écoute de nos signaux corporels. S’il y a au moins une bonne nouvelle lorsqu’on fait un burn out, c’est qu’il devient plus facile ensuite d’être à l’écoute de ces signaux et qu’on peut apprendre à se protéger de ce qui nous blesse.

Un suivi psychothérapeutique, même après la phase aiguë, peut aussi être bénéfique pour assurer un soutien continu, construire une connaissance de soi solide et apprendre à véritablement prendre soin de soi.

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